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Crédit photo: www.buzzducameroun.com |
Dans
le jargon pédagogique, la promotion collective désigne l’ascension automatique
et spontanée d’un groupe d’apprenants à un niveau scolaire supérieur. De fait, les
élèves passent en classe supérieure quelle que soit la performance réalisée au
cours de l’année.
Au
Cameroun, l’Arrêté Ministériel no 315/B1/1464/ du 21 février 2006,
fixant les modalités de promotion des élèves du cycle de l’enseignement
primaire[1], accorde désormais le succès à tous les
élèves. L’obtention d’une faible mention ne fait plus obstacle à la réussite,
qui devient quasiment un droit. Cette politique publique a été pensée pour réduire
le taux de redoublements et d’échecs à
l’école primaire. Problème qui lui-même était cause de l’abandon scolaire, de l’exclusion,
de la déperdition scolaire et du creuset des inégalités éducationnelles d’ordre
géographique et de genre. La promotion est collective au sein d'un
niveau ; toutefois, le redoublement d'un élève peut intervenir
exceptionnellement à la requête du parent de l’élève concerné.
Les autorités camerounaises ont pensé qu’une scolarité primaire incomplète est une entrave à l’alphabétisation et n’apporte pas de résultat tangible en termes de développement individuel. Un cycle primaire complet permet l’acquisition irréversible des compétences de base. L’école primaire est censée permettre à chaque élève de réaliser l’apprentissage de base essentiel au développement progressif de son autonomie intellectuelle, à l’acquisition des savoirs au niveau secondaire ou à la constitution d’une formation formelle ou informelle.
Bien que ce système ait été élaboré avec les intentions les plus nobles, il s’avère qu’il se solde par des conséquences regrettables. En effet, le passage automatique en classe supérieur a tué à petit feu le gout de l’effort chez les écoliers, voire même chez le personnel enseignant. Désormais dans nos établissements secondaires, se retrouvent des élèves sans pré-requis c’est-à-dire les acquis de la maternelle et du primaire, qui forment le socle de tout apprentissage supplémentaire. Les élèves favorisés par ce système évoluent à tâtons une fois admis aux niveaux supérieurs. Et le reflet non enviable des prouesses des élèves aujourd'hui au Cameroun montre à suffisance que l’acquisition des notions de base est problématique. Il serait sans doute intéressant de revoir la politique éducative de promotion collective. Répond-elle vraiment aux problèmes actuels de notre système éducatif ?
[1] Extrait de l’Arrêté Ministériel No 315/B1/1464/ du 21 février 2006 du
MINEDUB, fixant les modalités de promotion des élèves du cycle de
l’enseignement primaire, 08 Juillet 2008.
Stéphane LONTSI K.
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