jeudi 18 avril 2019

LES FACTEURS ENDOGENES ET EXOGENES DE LA VIOLENCE EN MILIEU SCOLAIRE

  D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la violence est « l’usage intentionnel de la force physique, du pouvoir sous forme de menaces ou d’action contre soi-même, autrui ou un autre groupe ou une communauté dont la conséquence réelle ou probable est une blessure, la mort, un traumatisme psychologique, un mauvais développement ou encore la précarité ». Pris dans ce sens il convient de remarquer que le phénomène de violence est aussi vieux que le monde et permanent dans l’histoire de la jeunesse et des âges ! La violence est donc un comportement non désiré, perçu comme étant hostile et nuisible, portant atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’une personne, à ses droits ou à sa dignité. En milieu scolaire, la violence peut être vécue, et commise, par des élèves ou par le personnel scolaire.


Ainsi ce phénomène cohabite avec les hommes et peut être matérialisé sous diverses formes (violence physique, violence psychologique et violence verbale) et dans divers milieux (famille, école, lieu de travail…etc.). Cependant, l’on observe depuis quelques années une prédominance de ces formes de violence dans les milieux scolaires laissant ainsi place à une flambée de violence mineure dont les conséquences sont très désastreuses tant sur le plan scolaire que social ; faisant des jeunes, des êtres de plus en plus violents vis-à-vis de leurs camarades et encadreurs. Au regard de ce phénomène devenu généralisé et présent dans les esprits, quels facteurs pourraient expliquer la banalisation et l’installation de la violence en milieu scolaire.
L’École est le lieu par excellence de la socialisation après la famille ; toutes les couches sociales s’y retrouvent encadreurs et encadrés. Ces différentes couches se foisonnent autour des valeurs et instructions que pourraient apporter le milieu scolaire. Par conséquent, toutes analyses de l’installation et la flambée de la violence dans ce milieu devraient prendre en compte à la fois l’analyse des facteurs exogènes et endogènes au milieu scolaire.
Si l’école est le lieu privilégié où l’on acquiert l’apprentissage des comportements sociaux positifs, l’instruction et le développement de certains mécanismes devant permettre aux individus (élèves et enseignants) de développer des ressources en vue de gérer de façon adéquate leurs relations interpersonnelles ; elle est aussi malheureusement le lieu où ces comportements sociaux positifs ne sont point appliqués au profit des déviances qui remettent en cause la capacité de ce lieu à pouvoir encadrer et sécuriser ceux qui constituent son environnement.
Ainsi, l’analyse de plusieurs facteurs externes à l’école vient renforcer l’explication de la violence en milieu scolaire entre autres : facteurs socio-culturels, facteurs économiques et facteurs environnementaux.
Les facteurs socio-culturels : l’école est le reflet de son environnement social et de sa communauté extérieure ainsi, les violences scolaires sont favorisées par un malaise important de l’institution et de la société qui nous entoure.
Selon une étude réalisée auprès des élèves de quelques établissements de la ville de Yaoundé, de Dschang et de Bafang, par BLAS in Africa, en vue de comprendre la montée des violences scolaires, il en ressort que 30% des jeunes scolarisés sont auteurs et/ou victimes des scènes de violence au quotidien au sein de leurs familles respectives. Les raisons principales sont entre autres les disputes violentes (injures et bagarres) entre frères, disputes entre parents et une forte démission des parents de leurs obligations à l’égard des enfants.
Dans le monde et sur le continent africain en particulier, les châtiments corporels sont souvent considérés comme un droit des parents et même des enseignants. Plutôt que des punitions éducatives, les enseignants et parents pérennisent cette pratique qui tend à rendre des enfants plus violents. Il devient donc claire que des enfants qui subissent et causent des violences physiques et/ou verbales dans leur cercle de vie, seront plus tentés à extérioriser ces formes de violences auprès de leurs camarades.
Les facteurs économiques : l’uniforme scolaire ne vient que niveler les différences de classes sociales cependant, celles-ci demeurent dans les esprits et les mentalités et ne sauraient se manifester dans les milieux scolaires.
Il est clair que tous les enfants scolarisés bien que soumis aux mêmes exigences financières en vue d’être admis dans un établissement, n’ont pas les mêmes conditions de vie. Il arrive donc que le «Choc » puisse ainsi côtoyer le «Chic » au quotidien et que ces derniers soient victimes de violences au travers des harcèlements, rackets, vols, intimidations et injures quelconques sur sa personne à cause des ressources matérielles et financières dont disposent leurs parents. Un autre cas de figure se présente souvent dans les établissements scolaires, celui des enfants de familles nantis qui narguent camarades et enseignants à cause du niveau de vie de leurs parents. Ils créent là une violence morale qui conduit très souvent aux violences verbales et même physiques où la victime fait très souvent preuve d’impuissance.
Les facteurs environnementaux : l’environnement respectif dans lequel sont implantés les établissements pourraient participer à l’analyse de la flambée des comportements déviants et violents en milieu scolaire. Dans ce sens, nous pouvons voir que les établissements à proximité des quartiers dits « difficiles » sont susceptibles de produire des enfants aux « comportements difficiles et violents » et exposés ainsi les encadreurs et les encadrés à des scènes de violences quotidiennes.  Dans ce type de milieu, la jeunesse vit dans un chômage chronique, elle est exposée au sous-emploi, à la consommation des stupéfiants et ne vit que grâce aux rackets et grand banditisme. Toutes choses qui exposent l’élève ou l’enseignant sur le chemin de l’école ou dans l’établissement à la violence. C’est ainsi que se perpétue le phénomène de « taxage » ou la victime est dépouillée de tous ses biens au dépend souvent de sa vie.
A côté de ces facteurs ou causes exogènes de la violence en milieu scolaire, il faudrait y ajouter des facteurs endogènes propres à l’établissement, à l’enseignant et aux encadrés.
Les facteurs socio-culturels, économiques et environnementaux qui expliquent la violence en milieu scolaire positionnent l’établissement scolaire (institution, encadreurs et encadrés) comme victime de la violence en milieu scolaire ; cependant d’autres facteurs propres liés à l’encadreur et à l’encadré permettent d’analyser encore profondément la problématique de la flambée de la violence dans les établissements.
Les facteurs pédagogiques : si l’appel à la formation d’enseignant se voudrait être vocationnel et désirer par l’enseignant, l’on observe de nos jours au sein du personnel enseignant, des personnes indélicates et peu soucieuses de leurs responsabilités dans l’éducation et l’avenir des jeunes qui leur sont confiés. Par peur d’être chômeur, des hommes et des femmes sans volonté et amour quelconque pour l’enseignement se réfugient derrière ce corps de métier donc aucune enquête de moralité n’est exigée pour faire subir aux encadrés des violences physiques (châtiments corporels) et psychologiques (harcèlement sexuel, injures et bassesses diverses) conduisant surtout les jeunes filles au décrochage scolaire.
À cela, il conviendrait d’ajouter l’instabilité de l’équipe éducative (Éric DEBARBIEUX) qui s’explique par la nomination des jeunes enseignants sans expérience quelconque à des postes et zones de l’enseignement considérés comme stratégique les rendant ainsi incapable d’appréhender les cas de violence lorsqu’ils surviennent. Aussi, le manque d’effectif (surveillants et encadrants) dans certains établissements à forte concentration participe à l’accentuation de la violence en milieu scolaire : 10 à 15 surveillants sont-ils capables de contenir près de 2000 à 2500 élèves ?
Les facteurs propres aux encadrés (élèves) : s’ils sont pour la plupart les victimes premières de la violence en milieu scolaire, ils sont également des auteurs par excellence de la violence dans ces établissements soit entre eux, soit envers les enseignants. Tout d’abord, l’on peut remarquer que par le décrochage scolaire et l’échec scolaire, des tensions peuvent émanées dans une salle de classe au travers d’une forme de jalousie entre élèves en difficultés à l’égard des meilleurs ; et un mépris des élèves moins performants vis-à-vis des meilleurs. Ce qui pourrait créer des groupes réfractaires et avoir pour conséquences des violences physiques et verbales.
Aussi, la consommation des stupéfiants par les élèves leur donne un « sentiment de supériorité » à la fois à l’égard de leurs camarades et du corps enseignant et ces derniers peuvent donc user de formes de violences diverses pour exprimer leur désir (meurtre, injures, racket et bagarres). De plus le rapprochement sociologique et la jeunesse du personnel enseignant observé dans la plupart des établissements scolaires manifestés par le copinage qui conduit au non-respect de l’autorité pourraient justifier la violence exercée par les encadrés sur les encadreurs.
Qu’ils soient exogènes ou endogènes, les facteurs explicatifs de la violence en milieu scolaire ressortent la problématique de l’existence de la violence en milieu scolaire par conséquent de l’insécurité des encadreurs et encadrés. Problème éminemment social et pédagogique, sa résolution devrait mobiliser une politique publique forte car l’école est cette institution par excellence qui forge les âmes, l’esprit de tolérance et de la culture à la Paix doivent être le quotidien de ces âmes.

Hans. F. MVONDO


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