Ainsi
ce phénomène cohabite avec les hommes et peut être matérialisé sous diverses
formes (violence physique, violence psychologique et violence verbale) et dans
divers milieux (famille, école, lieu de travail…etc.). Cependant, l’on observe
depuis quelques années une prédominance de ces formes de violence dans les
milieux scolaires laissant ainsi place à une flambée de violence mineure dont
les conséquences sont très désastreuses tant sur le plan scolaire que
social ; faisant des jeunes, des êtres de plus en plus violents vis-à-vis
de leurs camarades et encadreurs. Au regard de ce phénomène devenu généralisé
et présent dans les esprits, quels facteurs pourraient expliquer la
banalisation et l’installation de la violence en milieu scolaire.
L’École
est le lieu par excellence de la socialisation après la famille ; toutes
les couches sociales s’y retrouvent encadreurs et encadrés. Ces différentes
couches se foisonnent autour des valeurs et instructions que pourraient
apporter le milieu scolaire. Par conséquent, toutes analyses de l’installation
et la flambée de la violence dans ce milieu devraient prendre en compte à la
fois l’analyse des facteurs exogènes et endogènes au milieu scolaire.
Si
l’école est le lieu privilégié où l’on acquiert l’apprentissage des
comportements sociaux positifs, l’instruction et le développement de certains
mécanismes devant permettre aux individus (élèves et enseignants) de développer
des ressources en vue de gérer de façon adéquate leurs relations
interpersonnelles ; elle est aussi malheureusement le lieu où ces
comportements sociaux positifs ne sont point appliqués au profit des déviances
qui remettent en cause la capacité de ce lieu à pouvoir encadrer et sécuriser
ceux qui constituent son environnement.
Ainsi,
l’analyse de plusieurs facteurs externes à l’école vient renforcer l’explication
de la violence en milieu scolaire entre autres : facteurs socio-culturels,
facteurs économiques et facteurs environnementaux.
Les
facteurs socio-culturels : l’école est le reflet de son environnement
social et de sa communauté extérieure ainsi, les violences scolaires sont
favorisées par un malaise important de l’institution et de la société qui nous
entoure.
Selon
une étude réalisée auprès des élèves de quelques établissements de la ville de
Yaoundé, de Dschang et de Bafang, par BLAS
in Africa, en vue de comprendre la montée des violences scolaires, il en
ressort que 30% des jeunes scolarisés sont auteurs et/ou victimes des scènes de
violence au quotidien au sein de leurs familles respectives. Les raisons
principales sont entre autres les disputes violentes (injures et bagarres)
entre frères, disputes entre parents et une forte démission des parents de leurs
obligations à l’égard des enfants.
Dans
le monde et sur le continent africain en particulier, les châtiments corporels
sont souvent considérés comme un droit des parents et même des enseignants. Plutôt
que des punitions éducatives, les enseignants et parents pérennisent cette
pratique qui tend à rendre des enfants plus violents. Il devient donc claire
que des enfants qui subissent et causent des violences physiques et/ou verbales
dans leur cercle de vie, seront plus tentés à extérioriser ces formes de
violences auprès de leurs camarades.
Les
facteurs économiques : l’uniforme scolaire ne vient que niveler les
différences de classes sociales cependant, celles-ci demeurent dans les esprits
et les mentalités et ne sauraient se manifester dans les milieux scolaires.
Il
est clair que tous les enfants scolarisés bien que soumis aux mêmes exigences
financières en vue d’être admis dans un établissement, n’ont pas les mêmes conditions
de vie. Il arrive donc que le «Choc » puisse ainsi côtoyer le «Chic »
au quotidien et que ces derniers soient victimes de violences au travers des harcèlements,
rackets, vols, intimidations et injures quelconques sur sa personne à cause des
ressources matérielles et financières dont disposent leurs parents. Un autre
cas de figure se présente souvent dans les établissements scolaires, celui des
enfants de familles nantis qui narguent camarades et enseignants à cause du niveau
de vie de leurs parents. Ils créent là une violence morale qui conduit très
souvent aux violences verbales et même physiques où la victime fait très
souvent preuve d’impuissance.
Les
facteurs environnementaux : l’environnement respectif dans lequel sont
implantés les établissements pourraient participer à l’analyse de la flambée
des comportements déviants et violents en milieu scolaire. Dans ce sens, nous
pouvons voir que les établissements à proximité des quartiers dits « difficiles »
sont susceptibles de produire des enfants aux « comportements difficiles
et violents » et exposés ainsi les encadreurs et les encadrés à des scènes
de violences quotidiennes. Dans ce type
de milieu, la jeunesse vit dans un chômage chronique, elle est exposée au
sous-emploi, à la consommation des stupéfiants et ne vit que grâce aux rackets
et grand banditisme. Toutes choses qui exposent l’élève ou l’enseignant sur le
chemin de l’école ou dans l’établissement à la violence. C’est ainsi que se
perpétue le phénomène de « taxage »
ou la victime est dépouillée de tous ses biens au dépend souvent de sa vie.
A
côté de ces facteurs ou causes exogènes de la violence en milieu scolaire, il
faudrait y ajouter des facteurs endogènes propres à l’établissement, à
l’enseignant et aux encadrés.
Les
facteurs socio-culturels, économiques et environnementaux qui expliquent la
violence en milieu scolaire positionnent l’établissement scolaire (institution,
encadreurs et encadrés) comme victime de la violence en milieu scolaire ;
cependant d’autres facteurs propres liés à l’encadreur et à l’encadré permettent
d’analyser encore profondément la problématique de la flambée de la violence
dans les établissements.
Les
facteurs pédagogiques : si l’appel à la formation d’enseignant se voudrait
être vocationnel et désirer par l’enseignant, l’on observe de nos jours au sein
du personnel enseignant, des personnes indélicates et peu soucieuses de leurs
responsabilités dans l’éducation et l’avenir des jeunes qui leur sont confiés.
Par peur d’être chômeur, des hommes et des femmes sans volonté et amour
quelconque pour l’enseignement se réfugient derrière ce corps de métier donc
aucune enquête de moralité n’est exigée pour faire subir aux encadrés des
violences physiques (châtiments corporels) et psychologiques (harcèlement
sexuel, injures et bassesses diverses) conduisant surtout les jeunes filles au
décrochage scolaire.
À
cela, il conviendrait d’ajouter l’instabilité de l’équipe éducative (Éric
DEBARBIEUX) qui s’explique par la nomination des jeunes enseignants sans
expérience quelconque à des postes et zones de l’enseignement considérés comme
stratégique les rendant ainsi incapable d’appréhender les cas de violence
lorsqu’ils surviennent. Aussi, le manque d’effectif (surveillants et encadrants)
dans certains établissements à forte concentration participe à l’accentuation
de la violence en milieu scolaire : 10 à 15 surveillants sont-ils capables
de contenir près de 2000 à 2500 élèves ?
Les
facteurs propres aux encadrés (élèves) : s’ils sont pour la plupart les
victimes premières de la violence en milieu scolaire, ils sont également des
auteurs par excellence de la violence dans ces établissements soit entre eux,
soit envers les enseignants. Tout d’abord, l’on peut remarquer que par le
décrochage scolaire et l’échec scolaire, des tensions peuvent émanées dans une
salle de classe au travers d’une forme de jalousie entre élèves en difficultés
à l’égard des meilleurs ; et un mépris des élèves moins performants
vis-à-vis des meilleurs. Ce qui pourrait créer des groupes réfractaires et
avoir pour conséquences des violences physiques et verbales.
Aussi,
la consommation des stupéfiants par les élèves leur donne un « sentiment
de supériorité » à la fois à l’égard de leurs camarades et du corps
enseignant et ces derniers peuvent donc user de formes de violences diverses
pour exprimer leur désir (meurtre, injures, racket et bagarres). De plus le
rapprochement sociologique et la jeunesse du personnel enseignant observé dans
la plupart des établissements scolaires manifestés par le copinage qui conduit
au non-respect de l’autorité pourraient justifier la violence exercée par les
encadrés sur les encadreurs.
Qu’ils
soient exogènes ou endogènes, les facteurs explicatifs de la violence en milieu
scolaire ressortent la problématique de l’existence de la violence en milieu
scolaire par conséquent de l’insécurité des encadreurs et encadrés. Problème
éminemment social et pédagogique, sa résolution devrait mobiliser une politique
publique forte car l’école est cette institution par excellence qui forge les âmes,
l’esprit de tolérance et de la culture à la Paix doivent être le quotidien de
ces âmes.
Hans.
F. MVONDO
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