jeudi 6 juin 2019

LE DÉFI DE LA GRATUITÉ DANS L’ENSEIGNEMENT NATIONAL CONGOLAIS




L’actuel président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a promis de rendre effective la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire en RDC, conformément à l’article 43 de la Constitution.  Une annonce qui ferait penser que le nouveau Chef de l’Etat considère avec quelque ingénuité les défis en présence.
D’après le Rapport d’état du système éducatif national (RESEN, 2014), l’ensemble des dépenses courantes liées à l’éducation ne sont financés qu’à 22% sur fonds publics. Les ménages assument le gros des dépenses pour assurer la scolarité de leurs enfants, même pour ceux scolarisés dans les établissements scolaires publics. Cependant la pauvreté des ménages crée un taux de déscolarisation élevé, avec environ 7 millions d’enfants hors de l’école, soit 2 enfants sur 4 ; les infrastructures scolaires sont inadaptées, au point que les salles de classe sont surpeuplées et manque de pupitres.

L’éducation publique, dans tous les pays du monde, ne dispose pas d’autant de ressources que le secteur privé. Les infrastructures, la qualité des matières, la qualification des enseignants, sont des indicateurs de différence entre ces deux secteurs. En RDC, le RESEN renseigne que seulement la moitié des enseignants sont payés par l’Etat (encore faut-il qu’ils le soient sur une base régulière) et 17% d’enseignants au secondaire sont réellement qualifiés. Il ne peut en résulter qu’une faible qualité de l’enseignement secondaire dans le public.
Initié en 2015 pour une durée de 6 ans, le Projet d’Éducation pour la Pertinence des Enseignements aux niveaux Secondaire et Supérieur (PEQPESU) est le premier projet sectoriel de l’éducation en République Démocratique du Congo. Ses deux objectifs majeurs : améliorer l’enseignement et l’apprentissage des mathématiques et des sciences dans l’enseignement secondaire et renforcer la pertinence de l’enseignement technique et professionnel dans les secteurs prioritaires des niveaux d’enseignement secondaire et universitaire. Le PEQPESU intervient dans trois volets, dont chacun revêt un aspect sous-sectoriel : le volet enseignement secondaire et générale, le volet enseignement secondaire technique et professionnel et enfin, le volet enseignement supérieur et universitaire. 
Il est financé par la Banque Mondiale à hauteur de 200 millions de dollars américains dont 130 de crédit et 70 de don. Douze provinces administratives sont ciblées pour la mise en œuvre : Kwango, Kwilu, Ituri, Haut-Uélé, Haut-Katanga, Lualaba, Kasaï Central, Kasaï, Equateur, Sud-Ubangi et Kinshasa. Le PEQPESU est mis en œuvre par les directions techniques sous l’égide des secrétaires généraux de chaque ministère.
De nombreuses actions majeures ont pu être menées, dont notamment des programmes de sciences et de mathématiques modernisés selon l’approche par situation pour rendre ces enseignements plus concrets et attrayants ; des guides pratiques de l’enseignant pour accompagner les programmes, une formation des enseignants de sciences et de mathématiques du secondaire en collaboration avec l’Institut Supérieur Professionnel. A cela il faut ajouter la distribution de 18.000 kits scientifiques aux écoles offrant les options scientifiques, l’élaboration de nouvelles normes de laboratoires scientifiques, la rénovation et l’équipement de 36 laboratoires de sciences dans les provinces ciblées et l’élaboration d’un cadre stratégique de l’enseignement secondaire.
Bien qu’elles s’inscrivent dans un cadre théorique et temporel, ces innovations entendent apporter plus de qualité et de pertinence à l’enseignement secondaire. Il reste à prendre en compte la viabilité de ce projet, réalisé dans un secteur de si grande envergure qu’est l’éducation. Nul ne doute que les suites positives de ce projet devront être garanties par la disponibilité de ressources ; serait-ce cependant réaliste, dans un contexte où l’enseignement primaire et secondaire est appelé à être gratuit, alors que le gouvernement ne parvient même pas à financer le tiers des dépenses courantes de l’éducation ?


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