L’actuel président de la
République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a promis de rendre
effective la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire en RDC,
conformément à l’article 43 de la Constitution.
Une annonce qui ferait penser que le nouveau Chef de l’Etat considère
avec quelque ingénuité les défis en présence.
D’après le Rapport d’état du
système éducatif national (RESEN, 2014), l’ensemble des dépenses courantes
liées à l’éducation ne sont financés qu’à 22% sur fonds publics. Les ménages
assument le gros des dépenses pour assurer la scolarité de leurs enfants, même pour
ceux scolarisés dans les établissements scolaires publics. Cependant la
pauvreté des ménages crée un taux de déscolarisation élevé, avec environ 7
millions d’enfants hors de l’école, soit 2 enfants sur 4 ; les
infrastructures scolaires sont inadaptées, au point que les salles de classe
sont surpeuplées et manque de pupitres.
L’éducation publique, dans tous
les pays du monde, ne dispose pas d’autant de ressources que le secteur privé.
Les infrastructures, la qualité des matières, la qualification des enseignants,
sont des indicateurs de différence entre ces deux secteurs. En RDC, le RESEN
renseigne que seulement la moitié des enseignants sont payés par l’Etat (encore
faut-il qu’ils le soient sur une base régulière) et 17% d’enseignants au
secondaire sont réellement qualifiés. Il ne peut en résulter qu’une faible
qualité de l’enseignement secondaire dans le public.
Initié en 2015 pour une durée de
6 ans, le Projet d’Éducation pour la Pertinence des Enseignements aux niveaux
Secondaire et Supérieur (PEQPESU) est le premier projet sectoriel de
l’éducation en République Démocratique du Congo. Ses deux objectifs majeurs :
améliorer l’enseignement et l’apprentissage des mathématiques et des sciences
dans l’enseignement secondaire et renforcer la pertinence de l’enseignement
technique et professionnel dans les secteurs prioritaires des niveaux
d’enseignement secondaire et universitaire. Le PEQPESU intervient dans trois
volets, dont chacun revêt un aspect sous-sectoriel : le volet enseignement
secondaire et générale, le volet enseignement secondaire technique et
professionnel et enfin, le volet enseignement supérieur et universitaire.
Il est financé par la Banque Mondiale
à hauteur de 200 millions de dollars américains dont 130 de crédit et 70 de
don. Douze provinces administratives sont ciblées pour la mise en œuvre :
Kwango, Kwilu, Ituri, Haut-Uélé, Haut-Katanga, Lualaba, Kasaï Central, Kasaï,
Equateur, Sud-Ubangi et Kinshasa. Le PEQPESU est mis en œuvre par les
directions techniques sous l’égide des secrétaires généraux de chaque
ministère.
De nombreuses actions majeures
ont pu être menées, dont notamment des programmes de sciences et de
mathématiques modernisés selon l’approche par situation pour rendre ces
enseignements plus concrets et attrayants ; des guides pratiques de
l’enseignant pour accompagner les programmes, une formation des enseignants de
sciences et de mathématiques du secondaire en collaboration avec l’Institut
Supérieur Professionnel. A cela il faut ajouter la distribution de 18.000 kits
scientifiques aux écoles offrant les options scientifiques, l’élaboration de
nouvelles normes de laboratoires scientifiques, la rénovation et l’équipement
de 36 laboratoires de sciences dans les provinces ciblées et l’élaboration d’un
cadre stratégique de l’enseignement secondaire.
Bien qu’elles s’inscrivent dans
un cadre théorique et temporel, ces innovations entendent apporter plus de
qualité et de pertinence à l’enseignement secondaire. Il reste à prendre en
compte la viabilité de ce projet, réalisé dans un secteur de si grande
envergure qu’est l’éducation. Nul ne doute que les suites positives de ce
projet devront être garanties par la disponibilité de ressources ;
serait-ce cependant réaliste, dans un contexte où l’enseignement primaire et
secondaire est appelé à être gratuit, alors que le gouvernement ne parvient
même pas à financer le tiers des dépenses courantes de l’éducation ?
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