jeudi 6 juin 2019

« ETABLISSEMENTS SCOLAIRES PUBLICS D’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : Un Encadrement conséquent aux résultats ? »



Le système éducatif au Cameroun est régi par la loi numéro 98/004 du 14 avril 1998, il comporte trois types d'enseignements : Enseignement de base, enseignement secondaire et enseignement supérieur. La particularité du système éducatif au Cameroun est le bilinguisme. En effet, on peut étudier en français, en anglais ou dans les deux langues et obtenir des diplômes équivalents. Dans ce contexte, les établissements scolaires sont repartis en deux grands secteurs :
    le secteur de l'enseignement public : qui relève du domaine de l'État
    le secteur de l’enseignement privé : constitué du privé (laïc et confessionnel)

La dualité dans la typologie de l’enseignement au Cameroun nous amène à porter notre analyse strictement sur l’enseignement public tout en répondant à la question de savoir si les résultats obtenus aux examens officiels par les établissements scolaires d’enseignement public sont déductibles ou tributaire de la qualité de l’encadrement reçu par les élèves.
Pour cela il conviendra d’analyser tout d’abord la législation, la structuration et l’encadrement dans les établissements scolaires d’enseignement public.
Au Cameroun, les établissements scolaires d’enseignements publics sont régis par le décret N°2001/041 du 10 Février 2001 portant organisation des établissements scolaires publics et fixant les attributions des responsables de l’administration scolaire. Ce décret composé de 57 articles est le socle juridique de tout l’arsenal administratif fonctionnel des établissements scolaires publics.
Les Établissements scolaires publics sont des établissements créés par l’État, les Collectivités Territoriales Décentralisés ou par les organismes publics. Ils comprennent les établissements scolaires maternels et primaires, les établissements d’enseignement secondaire, les écoles post-primaires (SAR-SM) et les Écoles normales des instituteurs de l’enseignement Général et Technique (ENIEG et ENIET).
Toutefois dans le cadre de notre contexte, ce sont les établissements d’enseignement secondaire (Les Collèges et les Lycées d’Enseignement Général ; les Collèges et les Lycées d’Enseignement Technique et Professionnel) qui feront l’objet de notre analyse.
Les missions d’un Établissement scolaire public[1] sont de :
ü  Former les enfants et les adolescents en vue de leur épanouissement physique, intellectuel, civique et moral ;
ü  Développer leurs capacités intellectuelles ;
ü  Développer leur personnalité et les préparer à assumer leur citoyenneté ;
ü  Faciliter leur intégration dans la vie sociale et professionnelle.
Tout ceci dans un encadrement épanouissant tant sur le plan pédagogique que disciplinaire en vue de la recherche de l’excellence scolaire au niveau local et national.
Cependant l’on observe que depuis plusieurs années, les Établissements scolaires publics d’enseignement secondaire sont à la traine au niveau des résultats aux examens officiels de l’Office du Baccalauréat du Cameroun.
L’observation directe effectuée nous permet d’analyser l’encadrement que reçoivent les élèves issus des établissements scolaires publics sous un double aspect : pédagogique et disciplinaire.
D’une part selon l’aspect pédagogique, les élèves devraient bénéficier d’un suivi académique exemplaire car enseignés par les meilleurs enseignants qu’offrent les écoles de formation des enseignants au Cameroun que sont  l’École Normale Supérieur (ENS) et l’École Normale Supérieur de l’Enseignement Technique (ENSET). Mais l’on constate plutôt que cet encadrement tend à être biaisé au profit des établissements secondaires privés. On peut constater que dans les établissements scolaires publics, les programmes scolaires sont souvent inachevés, les évaluations souvent non achevées de manière à captiver l’attention de l’apprenant, les enseignants très souvent absents et ne programment pas de séance de rattrapage, la prise de service tardive de ces derniers au démarrage de la rentrée scolaire (3,4 à 6 semaines de retard) sans être inquiétés ou sanctionnés.
D’autre part, les établissements scolaires publics font l’objet d’une indiscipline avérée. Cette indiscipline n’est pas seulement le propre des élèves mais également des enseignants et du personnel administratif ; dans la mesure où,  l’absence d’un cahier ou livret de discipline où le parent et l’établissement devrait consigner le suivi disciplinaire de chaque élève. Aussi, il faudra relever le fait que l’effectif des surveillants n’est souvent proportionnel au nombre d’élève. C’est généralement dans un climat de complaisance que vivent apprenants et surveillants au point où la rigueur disciplinaire n’est plus respectée.
Par quoi faudrait-il justifier ce fonctionnement qui gangrène les résultats scolaires dans les établissements scolaires publics : le mode d’admission à la fois des enseignants et des élèves est-il tributaire de cet encadrement voire échec scolaire ?
Pour qu’un enseignant prenne fonction dans un établissement scolaire public, il suffit juste qu’il soit sorti d’une école de formation et qu’il soit nommé. Cette nomination ne tient pas généralement compte des capacités financières et culturelles de l’enseignant à prendre place dans l’établissement qui lui est attribué alors ce dernier se retrouve, s’il a des difficultés financières, à passer plus de temps en temps que vacataire dans les établissements privés ; à résider hors de la zone de la prise de fonction : toutes choses qui feront de lui un enseignant pas vraiment épanoui.
Pour ce qui est de l’admission des élèves dans les établissements scolaires publics, l’on ne peut que relever le « flou » dans les recrutements qui se font des lycées et collèges publics. Généralement, les antécédents disciplinaires des élèves ne sont pas pris en compte ce qui pourrait exposer l’établissement à une poussée de violence et un taux d’échec de plus en plus croissant. Ainsi la sélection par voie de concours, étude de dossier et par enquête de moralité n’ont plus de place ; ce qui compte c’est le poids de la poche du parent.
Dans cette logique de pensée et d’encadrement l’on pourrait comprendre le positionnement des lycées et collèges publics aux différents examens officiels proclamés par l’Office du Baccalauréat du Cameroun. L’urgence de repenser le fonctionnement, l’encadrement pédagogique et disciplinaire et le mode d’admission dans les établissements scolaires publics s’impose comme une nécessité pour une revalorisation et un rayonnement de cette fraction de l’enseignement qui encadrement des centaines de milliers de jeunes chaque année au Cameroun.

Hans. F. Mvondo


[1] Article 4 du décret N°2001/041 du 10/02/2001 portant organisation et fonctionnement des établissements scolaires publics au Cameroun.



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