Le système éducatif
au Cameroun est régi par la loi numéro 98/004 du 14 avril 1998, il comporte
trois types d'enseignements : Enseignement de base, enseignement secondaire et
enseignement supérieur. La particularité du système éducatif au Cameroun est le
bilinguisme. En effet, on peut étudier en français, en anglais ou dans les deux
langues et obtenir des diplômes équivalents. Dans ce contexte, les
établissements scolaires sont repartis en deux grands secteurs :
• le secteur de l'enseignement public : qui
relève du domaine de l'État
• le secteur de l’enseignement privé :
constitué du privé (laïc et confessionnel)
La dualité dans la
typologie de l’enseignement au Cameroun nous amène à porter notre analyse
strictement sur l’enseignement public tout en répondant à la question de savoir
si les résultats obtenus aux examens officiels par les établissements scolaires
d’enseignement public sont déductibles ou tributaire de la qualité de
l’encadrement reçu par les élèves.
Pour cela il
conviendra d’analyser tout d’abord la législation, la structuration et
l’encadrement dans les établissements scolaires d’enseignement public.
Au Cameroun, les
établissements scolaires d’enseignements publics sont régis par le décret
N°2001/041 du 10 Février 2001 portant organisation des établissements scolaires
publics et fixant les attributions des responsables de l’administration
scolaire. Ce décret composé de 57 articles est le socle juridique de
tout l’arsenal administratif fonctionnel des établissements scolaires publics.
Les Établissements
scolaires publics sont des établissements créés par l’État, les Collectivités
Territoriales Décentralisés ou par les organismes publics. Ils comprennent les
établissements scolaires maternels et primaires, les établissements
d’enseignement secondaire, les écoles post-primaires (SAR-SM) et les Écoles
normales des instituteurs de l’enseignement Général et Technique (ENIEG et
ENIET).
Toutefois dans le
cadre de notre contexte, ce sont les établissements d’enseignement secondaire (Les
Collèges et les Lycées d’Enseignement Général ; les Collèges et les Lycées
d’Enseignement Technique et Professionnel) qui feront l’objet de notre analyse.
Les missions d’un Établissement
scolaire public[1]
sont de :
ü
Former
les enfants et les adolescents en vue de leur épanouissement physique,
intellectuel, civique et moral ;
ü
Développer
leurs capacités intellectuelles ;
ü
Développer
leur personnalité et les préparer à assumer leur citoyenneté ;
ü
Faciliter
leur intégration dans la vie sociale et professionnelle.
Tout ceci dans un
encadrement épanouissant tant sur le plan pédagogique que disciplinaire en vue
de la recherche de l’excellence scolaire au niveau local et national.
Cependant l’on
observe que depuis plusieurs années, les Établissements scolaires publics
d’enseignement secondaire sont à la traine au niveau des résultats aux examens
officiels de l’Office du Baccalauréat du Cameroun.
L’observation directe
effectuée nous permet d’analyser l’encadrement que reçoivent les élèves issus
des établissements scolaires publics sous un double aspect : pédagogique
et disciplinaire.
D’une part selon l’aspect
pédagogique, les élèves devraient bénéficier d’un suivi académique exemplaire
car enseignés par les meilleurs enseignants qu’offrent les écoles de formation des
enseignants au Cameroun que sont l’École
Normale Supérieur (ENS) et l’École Normale Supérieur de l’Enseignement
Technique (ENSET). Mais l’on constate plutôt que cet encadrement tend à être
biaisé au profit des établissements secondaires privés. On peut constater que
dans les établissements scolaires publics, les programmes scolaires sont
souvent inachevés, les évaluations souvent non achevées de manière à captiver
l’attention de l’apprenant, les enseignants très souvent absents et ne programment
pas de séance de rattrapage, la prise de service tardive de ces derniers au
démarrage de la rentrée scolaire (3,4 à 6 semaines de retard) sans être
inquiétés ou sanctionnés.
D’autre part, les établissements
scolaires publics font l’objet d’une indiscipline avérée. Cette indiscipline n’est
pas seulement le propre des élèves mais également des enseignants et du personnel
administratif ; dans la mesure où, l’absence d’un cahier ou livret de discipline où
le parent et l’établissement devrait consigner le suivi disciplinaire de chaque
élève. Aussi, il faudra relever le fait que l’effectif des surveillants n’est
souvent proportionnel au nombre d’élève. C’est généralement dans un climat de
complaisance que vivent apprenants et surveillants au point où la rigueur
disciplinaire n’est plus respectée.
Par quoi faudrait-il
justifier ce fonctionnement qui gangrène les résultats scolaires dans les
établissements scolaires publics : le mode d’admission à la fois des
enseignants et des élèves est-il tributaire de cet encadrement voire échec
scolaire ?
Pour qu’un enseignant
prenne fonction dans un établissement scolaire public, il suffit juste qu’il soit
sorti d’une école de formation et qu’il soit nommé. Cette nomination ne tient
pas généralement compte des capacités financières et culturelles de
l’enseignant à prendre place dans l’établissement qui lui est attribué alors ce
dernier se retrouve, s’il a des difficultés financières, à passer plus de temps
en temps que vacataire dans les établissements privés ; à résider hors de
la zone de la prise de fonction : toutes choses qui feront de lui un
enseignant pas vraiment épanoui.
Pour ce qui est de
l’admission des élèves dans les établissements scolaires publics, l’on ne peut
que relever le « flou » dans les recrutements qui se font des lycées
et collèges publics. Généralement, les antécédents disciplinaires des élèves ne
sont pas pris en compte ce qui pourrait exposer l’établissement à une poussée
de violence et un taux d’échec de plus en plus croissant. Ainsi la sélection
par voie de concours, étude de dossier et par enquête de moralité n’ont plus de
place ; ce qui compte c’est le poids de la poche du parent.
Dans cette logique de
pensée et d’encadrement l’on pourrait comprendre le positionnement des lycées
et collèges publics aux différents examens officiels proclamés par l’Office du
Baccalauréat du Cameroun. L’urgence de repenser le fonctionnement,
l’encadrement pédagogique et disciplinaire et le mode d’admission dans les
établissements scolaires publics s’impose comme une nécessité pour une revalorisation
et un rayonnement de cette fraction de l’enseignement qui encadrement des
centaines de milliers de jeunes chaque année au Cameroun.
Hans. F. Mvondo
[1] Article
4 du décret N°2001/041 du 10/02/2001 portant organisation et fonctionnement des
établissements scolaires publics au Cameroun.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire