Le rapport de
l’Examen national 2015 de l’Education pour tous, rédigé et publié par les
autorités gouvernementales de la République Démocratique du Congo, énonce
quelques domaines prioritaires pour lesquels le gouvernement entend engager des
ressources importantes. Il est notamment la dotation de manuels scolaires aux
élèves, dont 3 au minimum par enfant. A ce jour, il n’existe aucune politique
de telle nature ; les parents ont en général la responsabilité de
rechercher les manuels scolaires dans les librairies, sur demande des
établissements scolaires. Le coût élevé et la rareté de quelques livres en
librairie orientent quelques-uns vers les marchands de bric-à-brac.
Béatrice est une mère
qui a eu plus de chance. Elle avait inscrit ses deux derniers enfants dans
l’une de ces écoles qui fournissent elles-mêmes les manuels scolaires aux
enfants, notamment les livres, les cahiers et tous les accessoires d’écriture
et autres. Chaque année, elle se contentait de payer les frais de scolarité et
d’envoyer ses enfants à l’école avec des cartables vides. Les coûts des manuels
étaient inclus dans les frais généraux. Les enfants gardaient les manuels dans
leurs pupitres et ne rapportaient à la maison que ceux dont ils avaient besoin
pour faire leurs devoirs ou réviser leurs leçons. Les manuels qui subissaient
l’usure étaient remplacés par l’école. A la fin de chaque année scolaire, les
livres de chaque enfant étaient comptés et vérifiés ; ceux qui étaient
perdus ou abimés par le fait de l’enfant étaient remplacés à charge des
parents, qui devaient se dévouer pour les trouver sur le marché et les acheter.
Ce sont les seules circonstances qui contraignaient les parents à faire face au
défi de trouver des manuels scolaires dans les librairies.
Les librairies ne
sont pas nombreuses à Kinshasa ; la ville en compte moins d’une centaine,
pour environ 13 millions d’habitants. Les librairies de l’imprimerie Mediaspaul,
appartenant à la Société Missionnaire de Saint-Paul, comptent parmi celles qui
offrent le plus de manuels scolaires en usage dans les écoles. Ne fonctionnant
pas dans un système éducatif soumis à la politique du manuel unique, comme il
en est au Cameroun, chaque établissement scolaire détermine, pour chaque matière,
le manuel qu’il estime adéquat. Ainsi, pléthore de manuels scolaires sont en
circulation et les librairies ont du mal à les revendre tous, au grand dam de
quelques parents d’élèves qui sont contraints de scolariser leurs enfants sans
les prémunir de la totalité des manuels nécessaires.
La mise en place
d’une politique de dotations de manuels scolaires identiques selon les matières
offrirait un grand répit à tous ceux qui ont la responsabilité autant de la
vente que de l’achat. Des manuels scolaires plus disponibles, c’est des outils
éducatifs plus accessibles, c’est un apprentissage plus efficace pour les
élèves.
Le projet VodaEduc,
mis en œuvre par Vodacom Foundation, est un outil qui fournit à tous les élèves
en République Démocratique du Congo l’accès aux matières et exercices scolaires
à partir d’un téléphone ou d’une tablette connectée à l’Internet. A ce jour,
seuls l’Ecole du Cinquantenaire de Goma et le Kivu international school ont été
sélectionnés pour bénéficier des services de cette plateforme en ligne, à
travers des tablettes électroniques offertes par Vodacom Foundation,
l’institution chargée des œuvres caritatives de l’entreprise de
télécommunications Vodacom – qui est elle-même une firme du géant Vodafone. Le numérique
est une manière de repenser les services éducatifs afin d’en simplifier le
bénéfice. Ne serait-il pas plus commode, à l’avenir, d’envisager des manuels
scolaires numériques préenregistrés sur des supports électroniques qui seraient
mis à disposition des élèves ? Une question à laquelle le projet VodaEduc
offre peut-être un début de réponse…
Jeffrie Nawej, RDC
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